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It vanishes

Au petit matin, le monde cesse d’être ce qu’il était la veille. Les rues et les visages surgissent par fragments, comme les notes d’un rythme plus vaste — répétitif, changeant, sur le point de s’effacer.
Bribes de paysages, éclats de lumière, visages assoupis : dans ces images prises en Chine, le monde semble suspendu entre apparition et effacement. La figure du cercle revient comme un écho — dans une enseigne, une fenêtre, un fruit, une fleur. Elle relie les choses entre elles, les corps aux villes, les instants entre eux.

Le temps s’étire dans ces moments de latence. Un ouvrier dort à l’ombre d’un chantier, une serveuse repose ses yeux entre deux gestes, un passant se perd dans sa pensée. Le monde paraît immobile, mais continue de tourner. Entre fatigue, contemplation et attente, une autre image du mouvement se dessine : celle qui avance dans la lenteur.

Ici, la lumière devient matière du silence. Les empires se construisent et se défont à la clarté du jour ; la productivité rêve d’elle-même. Pourtant, dans ces intervalles ordinaires, quelque chose résiste à l’idée de progrès. Le temps se replie, la lumière s’attarde — et soudain, tout s’efface.

Tout passe, et c’est peut-être dans cette disparition que le présent se révèle.


« Les Chinois ont une théorie selon laquelle l’ennui est le chemin vers la fascination. »          — Diane Arbus, citée par Susan Sontag, On Photography, 1977.

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